Aidance et management

Aidance et management

Aujourd’hui, trop peu d’entreprises intègrent les aidants familiaux dans leur politique RH. C’est essentiellement par méconnaissance. Mais aussi par peur d’un impact financier négatif que pourraient avoir l’adaptation et l’inclusion des salariés aidants de leur mode de fonctionnement. Dans quel but allier le management à l’aidance ?

Alors, un salarié aidant, c’est quoi ? Quelles sont les solutions au travail qui s’ouvrent à lui pour réussir sa mission d’aide ? De quoi a-t-il réellement besoin au travail ?

Un salarié aidant est un salarié comme vous et moi, sauf qu’il a en plus à sa charge un proche dépendant. Ce peut être un enfant handicapé, un conjoint malade, un parent vieillissant, …  Toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées. Les femmes restent malgré tout majoritaires. Selon le baromètre « Aider et Travailler », réalisé en 2020 par Interfacia, les salariés aidants représentent 1 salarié sur 5. Soit 20% des actifs français. Et ce chiffre continue d’augmenter avec le vieillissement de la population. 

Mais savez-vous combien il y a de salariés aidants dans votre entreprise ? Je vous invite à sonder vos collègues pour en avoir une petite idée.

L’aidance, dans le milieu professionnel, semble mieux acceptée si l’on aide son enfant handicapé que si l’on aide son parent vieillissant. La charge est, certes, différente selon le motif de la perte d’autonomie, mais elle n’est à minimiser, ni dans un cas, ni dans l’autre.

Des solutions qui nuisent à l’entreprise et aux salariés :

Pour pouvoir assumer cette charge supplémentaire, l’aidant salarié arrive parfois à s’arranger avec des collègues plutôt conciliants. Il fait également appel aux congés de dernière minute. Ou encore à l’arrêt maladie, comme solution finale. Ce qui désorganise le travail et peut mettre sous pression toute une équipe ! Lorsque ces “arrangements “ ne sont plus possibles, le salarié aidant se retrouve dans une situation où il n’a plus d’autre choix que de demander à son employeur un aménagement de ces horaires ; voire une réduction de son temps de travail. 

Ce qui n’est pas sans conséquences financières, parfois lourdes pour l’aidant et sa famille. Imaginez, dans un cas extrême où ces aménagements ne sont pas possibles dans l’entreprise. Le salarié aidant se retrouve dans l’obligation de quitter son travail afin de pouvoir assumer sa mission d’aide. Ce qui n’est pas non plus évident à justifier en recrutement quand le retour au travail est inévitable, faute de moyens financiers…

Cet absentéisme n’est pas sans conséquence pour l’entreprise : désorganisation du travail avec possibilité de retard par rapport à l’objectif attendu. Egalement, le stress de l’ensemble de l’équipe avec une dégradation de la qualité de communication. Ou encore, une démotivation collective avec perte d’efficacité au travail, … En parallèle, vous avez le présentéisme. C’est à dire quand le salarié est physiquement à son poste de travail, mais qui en réalité est totalement absorbé par toutes les problématiques qu’il doit gérer à distance pour son proche. C’est aussi une perte de productivité non négligeable pour l’entreprise.

Soit une estimation de 6 milliards de perte sèche par an. Cela laisse à réfléchir, vous ne pensez pas ?

Et pourtant les aidants familiaux développent de nombreuses compétences qui peuvent être extrêmement utiles en entreprise et sur lesquelles les managers peuvent capitaliser. Voir mon article “Les soft skills des aidants familiaux”.

Que peut apporter le manager au salarié aidant :

Un des premiers besoins exprimés par les salariés aidants est l’écoute.  De pouvoir parler avec sa hiérarchie en toute transparence et sans crainte d’éventuelles représailles.  Ceci, afin de trouver des solutions qui leur permettent de concilier vie professionnelle, vie personnelle et vie d’aidant.

Alors en tant que manager, la clé de la réussite de l’intégration des salariés aidants dans l’entreprise, c’est ça : être à l’écoute. Non seulement des problématiques rencontrées dans le cadre professionnel bien sûr, mais également de laisser aux salariés aidants la possibilité d’exposer leur situation et leurs difficultés personnelles. 

Le temps du “Il faut laisser ses problèmes personnels à la porte de l’entreprise” est révolu. 

Accompagner les aidants familiaux dans la construction de solutions pérennes est essentiel aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise. Le manager a toute sa légitimité dans cet objectif. Même si l’entreprise elle-même ne prévoit pas de règle particulière dans ce type de situation. Il revient également au manager (et surtout à l’entreprise) d’informer les équipes sur ce qu’est un aidant familial, sur ce qu’il compte mettre en place afin de faciliter la gestion du travail pour l’ensemble des équipes et les avantages qu’ils obtiendront tous. L’empathie favorise la création de solutions nouvelles. Les construire avec l’adhésion de tous les salariés développe la cohésion d’équipe et favorise une mise en place efficace.

Il s’agit d’un investissement humain à long terme dont les deux parties tireront bénéfices. Une amélioration de la qualité de vie du salarié aidant, avec un sentiment de reconnaissance d’une part. Et un gain financier géré par les efficacités retrouvées ou renforcées et l’augmentation de la motivation globale des salariés pour atteindre les objectifs fixés.

Et si le coaching venait en aide aux entreprises.

Le coaching en entreprise a cette vocation : accompagner la direction, les RH et les managers dans la co-construction de solutions personnalisées. Celles-ci destinées à intégrer les salariés aidants dans la politique de l’entreprise ; d’améliorer la qualité de vie au travail (QVT) ; et d’assurer leur responsabilité sociétale auprès des salariés aidants.

Céline Dauchyle

Immobilier et handicap

Immobilier et handicap

Aujourd’hui, je vous propose un article un peu différent. Il s’agit plutôt d’un témoignage de ma vie d’aidant.

Je suis aidante d’un proche en situation de handicap. Plus précisément, en fauteuil roulant. Sa maison n’est plus adaptée à sa situation : maison à étage, sans chambre au rez-de-chaussée, il y a également des marches entre différentes pièces, lui en bloquant l’accès. Ce qui réduit considérablement son autonomie !

Nous prenons donc la décision de la faire déménager. Extra ! Jusque là, rien de très compliqué me direz-vous. Et je suis d’accord avec vous. 

Alors, on se lance. 

Nous commençons par établir notre budget. Français “moyen”, celui-ci est modeste, mais nous semble correct pour notre souhait d’achat. Tout va bien. Nous sommes également conscients que nous aurons des aménagements à effectuer dans notre futur foyer, fauteuil roulant oblige…

Ah oui, j’oubliais, crise sanitaire et confinement : on ne peut pas se rendre en agence… Rien de grave, nous avons internet. Nous commençons nos recherches : maison à étage, maison avec des marches à l’intérieur, maison avec des marches à l’extérieur sans aménagement possible, etc… Entre les anciennes annonces toujours en ligne, où les maisons sont déjà vendues et les biens inadaptés, ce sont nos premières déceptions : la grande majorité des maisons dans notre région sont inaccessibles aux personnes à mobilité réduite !

Par curiosité, je regarde les offres avec un budget plus élevé : certes, nous trouvons beaucoup plus de biens en plain-pied (et sans marche), mais sans aucune garantie que le fauteuil passera aux portes ! Et oui, en 2021, peu de maisons ont été construites dans l’objectif d’accueillir un jour une personne à mobilité réduite. Nous ne sommes donc pas plus avancés.

Je décide donc de faire appel aux professionnels de l’immobilier directement et contacte une dizaine d’agences sur le secteur recherché. Je leur explique mon projet, leur précise très clairement mes critères impératifs. Cela prend pas mal de temps. Mais c’est important pour éviter de perdre du temps sur des visites qui ne correspondraient pas à mon besoin. 

Et là, nouvelle déception : silence radio. Des semaines passent et aucun retour des agents immobiliers. Il n’y a donc aucune maison dans notre budget qui puisse accueillir une personne en fauteuil roulant.

Finalement, une agence s’intéresse plus particulièrement à nous et tente de nous proposer plusieurs biens. En tant qu’aidant, je me dévoue pour les visites afin de ne pas déplacer mon proche inutilement. Nous sommes ravis de nous sentir reconnus et que notre problématique semble comprise. Je dis semble comprise car malheureusement, les visites que nous faisons sont catastrophiques : maison directe sur rue avec 3 marches pour entrer, donc sans aucune possibilité d’aménagement ; semi plain-pied dont le fauteuil ne passe pas la porte de chambre ; une autre avec la baignoire encastrée dans le sol (je fais comment pour mon proche : je bascule le fauteuil roulant et le laisse tomber au fond de la baignoire ?) ; ou celle ou il y a des marches tellement hautes pour accéder à la cour, qu’il est même difficile pour moi de les monter ! Sans compter que certaines visites ont cumulé ces différents inconvénients. 

Aujourd’hui je lance un SOS : 

  • Aux agents immobiliers : Avant de vous lancer dans les visites, assurez-vous que le bien corresponde réellement au besoin de votre client. Si vous ne connaissez pas suffisamment ses contraintes, n’hésitez pas à lui poser des questions. Plus vous comprendrez ce qu’il attend, plus vous serez à même de le conseiller correctement. 
  • Aux promoteurs : dans vos projets de construction, pensez un maximum à inclure le handicap dans vos plans. Un simple passage de porte trop étroit, et nous ne pouvons même pas recevoir nos proches en situation de handicap à dîner !
  • A tous ceux qui rénovent d’anciennes maisons (que ce soit pour les louer ou pour les revendre) : pourquoi laisser des marches à l’intérieur ? Il est tellement plus simple pour tout le monde que le sol soit plat… Élargissez au minimum les ouvertures des portes si vous ne pouvez pas tout ouvrir, vous aurez ainsi la possibilité d’offrir un logement adapté à tant de personnes en difficulté du fait de leur handicap. De plus, cela vous permet d’avoir un plus grand nombre d’acquéreurs et donc de favoriser vos transactions.

L’inclusion est l’affaire de tous. N’attendez pas d’être personnellement concernés pour agir, il sera peut-être trop tard.

Céline Dauchy

Les soft skills des aidants familiaux

Soft Skills

Être aidant familial n’est pas toujours aussi simple que cela en a l’air. La multitude de tâches à accomplir, dans un contexte socio-économique parfois compliqué, nous permet de développer un grand nombre de compétences, aussi appelées “soft skills”.  Encore faut-il en avoir conscience ! 

Quels sont les soft skills des aidants familiaux ? Qu’est-ce que cela peut apporter aux entreprises des salariés aidants ?

Les soft skills, qu’est-ce que c’est ?

Il est à la mode en ce moment de parler de soft skills, mais qu’est-ce que c’est en fait ?  Il s’agit de compétences transverses, qui ne sont pas liées à un métier en particulier. On parle tout simplement de notre savoir-être. Sont ainsi exclus les compétences techniques. Les soft skills s’acquièrent tout au long de notre parcours de vie. Certaines prédispositions peuvent en faciliter l’apprentissage. 

Voici quelques exemples de soft skills que les aidants familiaux peuvent développer grâce à leur mission d’aide :

  • Gestion du temps : Ils jonglent entre leur travail, leur proche, leurs enfants, …
  • Agilité organisationnelle : Ils adaptent leur organisation au fur et à mesure de l’évolution de la dépendance de leur proche.
  • Prise de décision : Ils sont parfois amenés à prendre des décisions difficiles, quand le moment de placer son proche est venu par exemple.
  • Négociation : Ils peuvent être amenés à négocier avec leur proche pour faire intervenir une personne extérieure à la famille.
  • Résilience : Les moments difficiles sont nombreux lorsqu’on aide un proche dépendant. La capacité de résilience est ainsi fortement sollicité et amenée à se développer
  • Intelligence émotionnelle : Ils font preuve d’une grande empathie en accompagnant leur proche.
  • Intelligence relationnelle : Ils sont amenés à instaurer des relations stables et de confiance avec les différents soignants de leur proche.
  • etc

Les soft skills se développent grâce à notre capacité d’apprentissage, la connaissance de soi, notre capacité de mobilisation et d’assumer des relations constructives. Les aidants familiaux étant fortement sollicités, ils ont donc la possibilité de développer plus rapidement, plus fortement ces compétences.

Quel est l’intérêt pour les entreprises de porter attention aux soft skills des aidants familiaux ?

A l’heure actuelle, les compétences techniques liées aux métiers sont dépassées au bout de 5 ans environ. Elles doivent constamment évoluer pour s’adapter aux nouvelles technologies et nécessitent bien souvent de passer par la formation. Or les soft skills sont des compétences plus stables, qui s’adaptent à tout corps de métier et aux environnements changeants. Elles ont donc de la valeur pour les entreprises, car cumulées aux compétences techniques, vous obtenez des salariés plus performants. L’intelligence relationnelle permet de favoriser des relations sereines dans l’entreprise et contribue à réduire le stress. Elle facilite le travail d’équipe et l’ouverture d’esprit par exemple. 

Vous l’avez compris un salarié aidant a largement l’occasion de développer son savoir-être ou ses soft skills, peut-être plus que pour d’autres salariés, moins sollicités dans leur vie personnelle. Or la question des aidants reste encore tabou dans les entreprises. Cette mission en parallèle de l’activité professionnelle semble déranger les entreprises et faire peur (peur de l’absentéisme, peur de la baisse de la performance, …). D’un autre côté, les aidants familiaux hésitent à informer leur employeur du fait qu’ils sont aidants. Ils ont eux-même peur d’être catalogués comme n’étant plus de confiance et que cela ne nuise à leur carrière professionnelle. Or cela devrait être tout le contraire.

Notons également, que la population française est vieillissante. Il y a aura d’ici une dizaine d’années de plus en plus de personnes dépendantes et donc de salariés aidants. Certains passent plus de 20 heures par semaine auprès de leur proche. Ils auront acquis des soft skills, qu’ils utiliseront avec agilité au quotidien. Mais si les entreprises ne les considèrent pas, comment pourront-ils les mettre en valeur ? De plus, le nombre de salariés aidants va continuer à augmenter. Plutôt que de les percevoir comme une contrainte, ne serait-il pas plus bénéfique de les considérer comme une opportunité ?

Alors oui, être aidant familial demande de l’agilité aussi dans le travail. Cependant, si l’entreprise mène une réflexion inclusive des aidants familiaux dans sa politique RH, elle contribuera, en favorisant sa flexibilité, à développer la performance de ses salariés et par voie de conséquence, ses propres performances. 

Céline Dauchy

Le triangle dramatique dans la relation aidé/aidant

Le Triangle dramatique

On se pose rarement la question de devenir aidant familial. Cela se fait, généralement, de manière simple, dans la continuité de la relation affective déjà existante. Et dans la majorité des situations, les aidants familiaux vous diront qu’ils sont très satisfaits de pouvoir aider leurs proches ; de leur apporter du soutien face à la dépendance, que cela renforce les liens qui les unissent.

Ce serait tellement simple, si c’était toujours le cas. Oui mais voilà, l’être humain est un être d’émotions. Ce qui complique parfois nos relations. Être dépendant ou devenir dépendant avec l’âge, voir le regard de l’autre changer, n’est pas si facile à accepter. Ce sont des situations dans lesquelles nous pouvons rencontrer de l’agressivité, de la colère, de la tristesse, de la peur, de l’incompréhension, ce qui perturbe notre vision des choses et nos relations.. Et ce sont les aidants familiaux qui sont les premiers confrontés à ces émotions. 

Qu’est-ce qu’un jeu relationnel ? Quels jeux relationnels peuvent s’instaurer dans une relation aidé/aidant ? Qu’est-ce que le triangle dramatique ? Comment en sortir pour retrouver des relations saines et profitables pour tous ?

Les jeux relationnels :

Selon Eric Berne, psychiatre américain, le jeu relationnel est “le déroulement d’une série de transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien défini, prévisible”. Cela signifie qu’il y a un objectif sous-entendu dans la relation à l’autre mais qu’il n’est pas exprimé clairement, bien souvent, au détriment de l’autre. Ces jeux, réalisés de manière involontaire, aboutissent à des relations confuses, ambiguës, pouvant amener à des situations de conflits, desquelles, on ne sait plus s’extirper. 

Nos réactions sont des réflexes que nous avons adopté afin de nous maintenir dans un contexte connu. Il n’y a pas de volonté consciente de nuire à l’autre.

Si on les rapporte à la relation aidé-aidant, nous pouvons rencontrer différents jeux relationnels aussi bien au détriment de l’aidé qu’à celui de l’aidant, selon les situations :

  • Soit l’aidant attend implicitement quelque chose de son proche : alléger d’une manière ou d’une autre sa charge, physique et mentale par exemple. 
  • Soit l’aidé attend implicitement quelque chose de son aidant :  compenser sa dépendance ou un sentiment profond de solitude par exemple.

Il existe bon nombre de situations où l’on peut rencontrer ces jeux relationnels. A partir de sous-entendus, d’allusions, de mise en lumière des défauts, … Les échanges s’alourdissent de reproches. La récurrence amène également aux conflits.

Le triangle dramatique :

Le triangle dramatique est un jeu relationnel mis en évidence par Stephen Karpman, psychiatre et élève d’Eric Berne. Il permet de mettre en lumière les manipulations d’une personne sur une autre à l’aide de trois rôles : la victime, le persécuteur et le sauveur. 

Nous ne sommes pas cantonnés à un seul de ces rôles. Nous passons de l’un à l’autre selon les situations et les personnes que nous rencontrons. Chacun de ses rôles a besoin des deux autres pour exister. Ils se renforcent les uns les autres, tant que nous n’en sortons pas.

  • La victime attire le sauveur. Elle attire donc l’attention sur elle, pour qu’on l’aide. Elle cherchera également un persécuteur pour entretenir son rôle de victime. 
  • Le sauveur attend un persécuteur pour justifier son rôle et une victime à sauver. Le sauveur a un sentiment de culpabilité s’il ne peut pas sauver sa victime. Sentiment que l’on retrouve dans la relation aidé-aidant. Il sauve la victime sans que celle-ci ne lui ait demandé.
  • Le persécuteur agit sur la victime. Il la fait souffrir. Ce n’est pas forcément une personne, le persécuteur peut-être la maladie ou la dépendance.

C’est un jeu relationnel dans lequel nous pouvons entrer dans toute situation d’aide, y compris lorsqu’il s’agit de son proche dépendant. 

Alors comment éviter de créer ces jeux relationnels ?

Les jeux relationnels nous permettent de répondre à des besoins non exprimés qui eux-mêmes peuvent ne pas être conscients. La conscience de soi et de ses besoins permet de mieux comprendre ces situations et de les éviter.

  • Si vous vous sentez victime, sachez que vous seul pouvez vous sauver en agissant. Acceptez votre vulnérabilité et mettez vous en action pour résoudre vos problèmes. Vous pouvez toujours demander de l’aide, mais en étant conscient de votre responsabilité à agir.
  • Si vous vous sentez persécuteur, exprimez vos besoins, sans chercher à “punir” l’autre.
  • Si vous vous sentez sauveur, faites preuve de bienveillance envers autrui. Proposez votre aide sans chercher à résoudre les problèmes des autres à leur place.

Et comment sortir de ces jeux relationnels ?

La première réponse serait : de ne pas y entrer ! N’oubliez pas, le triangle dramatique a besoin des trois rôles pour exister. Si vous êtes “invités” à jouer, la meilleure option est de ne pas assumer le rôle que l’on vous offre.

Pour cela :

  • Restez centré sur les faits
  • Évitez les tournures généralistes ou floues (toujours, jamais, souvent, …) 
  • Évitez les interprétations qui nuisent à la relation, ainsi que les reproches. Ils sont une porte d’entrée de choix pour les jeux relationnels
  • Exprimez clairement vos émotions et besoins, soyez franc
  • Formulez une demande de manière affirmative. La communication est facilité si l’on exprime ce que l’on désire plutôt que ce que l’on ne veut pas

Nous retrouvons ici la technique de la communication non violente (CNV).

Sortir d’un jeu relationnel demande d’être à l’écoute de soi. Parler à une personne bienveillante aide à se recentrer sur soi et ses besoins. Le coaching est un accompagnement qui vous aide à ces prises de conscience, facilite les relations sociales et la communication. 

Savoir s’écouter pour savoir écouter l’autre.

Céline Dauchy

Aidants familiaux : Ce que nous révèlent les baromètres 2020

Coaching des aidants familiaux

De nouvelles études concernant les aidants familiaux ont été menées sur 2020 par différents organismes indépendants. Plusieurs points ont été abordés : démographie, impact (physique et psychologique) sur l’aidant de l’aide apportée, l’impact sur la vie professionnelle, les obstacles ou encore le droit au répit et son indemnisation.

Alors que nous révèlent ces nouvelles données ? La place de l’aidant dans la prise en charge d’une personne en perte d’autonomie (vieillesse, maladie, handicap) est-elle toujours aussi importante ? Est-elle reconnue à sa juste valeur ? Les entreprises ont-elles pris conscience de leur rôle à jouer  ?

Selon le baromètre des aidants de la fondation April, le terme aidant familial est toujours méconnu de la population française, puisque 52% des interrogés n’en a jamais entendu parlé. Toutefois, ce chiffre est en baisse d’année en année, preuve que la communication sur ce thème avance, même s’il reste encore du chemin à parcourir. Plus inquiétant, les aidants familiaux sont 47% à ne pas connaître ce terme alors qu’ils sont les premiers concernés. Peut-être est-ce le signe que cette communication n’est pas encore assez ciblée.

Notons que les aidants familiaux représentent ¼ des français aujourd’hui et 60% d’entre eux ne se considèrent pas comme aidant. Ce qui, probablement, rend les messages des pouvoirs publics plus difficiles à passer.

Au delà de toute statistique, ce qui est intéressant, ce sont les besoins exprimés par les aidants. Ils concernent essentiellement leur proche : une meilleure coordination des soins (60%), une aide financière (58%), un maintien à domicile facilité (54%). Le développement de maison de répit n’arrive qu’ensuite (48%), ainsi que le soutien psychologique (47%). Le rôle des aidants ne semble pas suffisamment valorisé par les pouvoirs publics, puisque 51% souhaitent une reconnaissance officielle.

Nous pouvons donc considérer que l’aidant familial fait passer les besoins de son proche avant les siens ! D’autant plus, qu’1 aidant sur 6 passe plus de 20 heures par semaine à s’occuper de son proche.

Le coaching est un outil très intéressant dans la définition et l’identification des besoins individuels. Car aussi importante que soit la mission d’aide ; il est aussi essentiel que l’aidant prenne conscience de ses propres besoins afin de pouvoir mettre en place des actions qui les nourrissent et lui permettent de se ressourcer. Sans cela, nous pouvons rapidement aboutir à des aidants épuisés qui ne sont plus en mesure d’aider, mais plus encore qui tombent eux-même malades. Ce qui forcément engendrera un coût supplémentaire pour la société.

Selon le baromètre réalisé par la fondation Médéric, Malakoff Humanis, les aidants familiaux se disent plutôt en bonne santé pour 60% d’entre eux. Cependant, 65% ressentent de la fatigue. Alors, nous pouvons nous poser la question suivante : ont-ils réellement conscience des conséquences de leur mission d’aide sur leur état de santé global ? D’autant plus que 6% avouent consommer quotidiennement 1 médicament contre l’anxiété ou la dépression ; 37% se disent tristes, déprimés ou encore désespéré

Il faut donc agir avant et déterminer la source des émotions négatives aboutissant à une prise médicamenteuse qui pourrait peut-être être évitée. Est-ce ce sentiment de culpabilité que 27% des aidants ressentent lorsqu’il s’agit de prendre du temps pour soi ?

Le coaching permet, dans la gestion du stress :

  • de faire le point sur ses émotions et sentiments
  • de reconnaître les signes d’épuisement
  • d’identifier ses facteurs de stress, leur intensité et leur durée
  • de mettre en place des actions dites “de confort” pour réduire l’impact négatif des stresseurs
  • d’apprendre à déléguer (droit au répit) sans culpabiliser
  • de changer nos pensées automatiques

L’impact sur la vie professionnelle des aidants familiaux est encore trop peu considéré par les entreprises. Pourtant, ils sont 5 millions à être salariés, soit 1 salariés sur 5. Les aidants sont encore trop peu visibles dans l’entreprise, car seuls 9% ont osé en parler à leur hiérarchie et 13% à un collègue… Alors que 80% souhaiteraient un accompagnement renforcé par l’entreprise.  71% sont également inquiet de l’impact de l’aidance sur leur travail, car ils se disent moins efficaces et posent des problèmes d’organisation. Les entreprises ne doivent pas fermer les yeux sur cette problématique sociétale qui peut également nuire à leur compétitivité. 

Autre point important : 50% des aidants actif sans emploi ne parviennent pas à retrouver un travail. Les entreprises ont maintenant la responsabilité d’intégrer les aidants familiaux, au même titre que les personnes en situation de handicap.

Alors comment aider ses entreprises à intégrer la problématique de l’aide familiale ? Grâce au coaching.

La méthodologie du coaching et son objectivité, permet d’établir une démarche de co-construction de solution visant à intégrer la situation particulière des aidants familiaux dans l’entreprise et  leurs besoins, associés à l’exigence des différents corps de métier. L’intérêt du coaching est double, il permet de travailler la prévention des risques et d’anticiper le changement grâce à l’intelligence collective ; mais il assure également la pérennité de l’entreprise en terme de compétitivité. Il permet de susciter l’engagement de tous après avoir identifié les leviers motivationnels, ce qui permet d’atteindre les objectifs que l’entreprise se fixe.

Nous avons donc tout à gagner à proposer aux aidants familiaux en difficulté un coaching. Que ce soit dans la définition et l’atteinte d’un objectif personnel ou professionnel. 

Sans compter qu’en 2030, la génération du Baby Boom entrera dans le 4ème âge… 

Céline Dauchy

Les droits et devoirs des aidants familiaux

Droits et devoirs des aidants familiaux

Aujourd’hui, les aidants familiaux aident leurs proches car les liens qui les unissent sont forts et l’aidance est une preuve d’amour. Si elle se fait souvent naturellement, quels sont les devoirs des aidants familiaux envers leurs proches en perte d’autonomie ? Et quels sont leurs droits leur permettant d’assumer au mieux leur rôle ?

Le premier devoir de l’aidant familial est d’assurer le bien-être de son proche, que ce soit au domicile ou en établissement. Il doit donc veiller à ce que les conditions dans lesquelles l’aidé évolue soient en adéquation avec son état physique et psychologique : un lieu de vie adapté, l’accès aux soins dont il a besoin, une aide extérieure si nécessaire, un soutien psychologique, … 

Pour cela, il est également important de porter attention à une éventuelle maltraitance. Heureusement, celle-ci n’est pas une généralité. Mais il faut être conscient qu’elle peut exister, aussi bien dans le cercle familial (chantage, dévalorisation, …) qu’en établissement (négligence, soins brutaux, …). Être témoin de toutes formes de maltraitance, même involontaire, nous contraint à la dénoncer. Dans le cas contraire, il s’agit d’une non-assistance à personne en danger qui peut être punie par la loi.

Le second devoir de l’aidant familial est l’attention à porter à la situation financière de l’aidé. En effet, si une personne n’a pas les ressources suffisantes, les différents membres de la famille (enfants, parents, grands-parents, … ; belles-filles, gendres ; époux entre eux) ont l’obligation, au regard de la loi, de lui venir en aide. Celle-ci peut-être alimentaire, vestimentaire, médicale, liée à l’aménagement du domicile, … Et ne concerne d’ailleurs pas uniquement les personnes en perte d’autonomie !

Les droits des aidants familiaux sont nombreux mais encore trop peu connus et parfois complexes :

  • Droit à la formation : dispensée par des professionnels de santé dans différents domaines (geste de la vie quotidienne, soins corporels, soutien psychologique, …). Il existe également des formations diplômantes en fonction de l’expérience acquise en s’occupant de son proche (VAE) et qui permettent d’envisager une reconversion professionnelle (assistant de vie, auxiliaire de vie sociale, …).
  • Droit à un congé de solidarité familial sous 2 formes :
    • Congé de solidarité familial : pour l’accompagnement d’un proche en fin de vie. Il s’agit d’un congé sans solde de 3 mois maximum.
    • Congés de soutien familial : permet de suspendre son activité professionnelle pendant une durée de 3 mois renouvelable, pour s’occuper de son proche dépendant. L’emploi est assuré pendant toute la période.
  • Droit au répit, qui permet à l’aidant de s’octroyer du temps pour se reposer et récupérer afin d’être en mesure de poursuivre sa mission d’aide :
    • Lors de séjours de vacances adaptées : l’aidé peut partir en vacances seul ou accompagné de son aidant
    • Lieux d’accueil temporaire de personnes dépendantes
    • Famille d’accueil temporaire
    • Hébergement temporaire en établissement
    • Garde itinérante de nuit : permet à l’aidant de se reposer la nuit.
    • Téléassistance : l’aide intervient à partir du déclenchement d’une alarme.
  • Droit à l’affiliation gratuite à l’assurance vieillesse du régime général : sous certaines conditions.
  • Droit à une rémunération ou à un dédommagement : sous certaines conditions, l’aidant peut devenir salarié de son proche ou bénéficier d’un dédommagement.
  • Droit aux avantages fiscaux : sous certaines conditions, crédit d’impôts ou  déductions fiscales.

Depuis quelques années, l’importance du rôle des aidants familiaux dans le système de soin français est de plus en plus mis en évidence. L’évolution des différentes lois, l’atteste. 

Le Premier ministre a lancé, ce mercredi 23 octobre 2019, la stratégie de mobilisation et de soutien en faveur des aidants, accompagné de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, ainsi que de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.” [site du gouvernement]

Dès 2020, cette stratégie vise à : rompre l’isolement des aidants familiaux, ouvrir de nouveaux droits sociaux (indemnisation du congés du proche aidant dès le mois d’octobre 2020), faciliter les démarches administratives, faciliter l’adaptabilité des aidants (cumul des rôles aidants, salarié, …), diversifier les solutions de répit, agir en faveur de la santé des aidants familiaux, intégrer les difficultés liées l’âge des aidants (étudiants).

Mais les aidants familiaux ont-ils facilement accès à toutes ces informations, notamment au moment où ils découvrent/subissent la perte d’autonomie de leurs proches ? 

8 aidants sur 10 ont le sentiment de ne pas être suffisamment aidés et considérés par les pouvoirs publics”. [Baromètre 2017, Drees et BVA]

Nous pouvons en déduire que pour rompre son isolement, l’aidant familial doit faire, de lui-même, les démarches pour obtenir les informations dont il a besoin. Il lui est donc nécessaire de se mettre en action. En cela, le coaching est un outil qui permet à l’aidant familial de se recentrer sur ses besoins (répit, rémunération, formation, …), de se fixer un objectif qui lui fait sens et d’être accompagné pour l’atteindre.

Céline Dauchy

La CNV à l’aide des aidants familiaux

CNV - Communication non violente

Dans mon précédent article, nous avons évoqué les possibles relations conflictuelles au sein des familles qui viennent en aide à leurs proches, mais également entre l’aidant et l’aidé. Les conflits sont bien souvent à l’origine d’une communication rompue entre les membres de la famille. Ils sont basés, sur une divergence de point de vue, une incompréhension, un besoin non exprimé, une émotion refoulée, … Nous savons que les conflits nuisent à la relation aidant-aidé et impactent fortement l’état de santé de l’un et de l’autre. Alors, en quoi la Communication Non Violente (CNV) peut répondre à cette problématique ? Que peut-elle apporter dans la relation d’aide ?

LA CNV est un processus de communication élaboré par Marshall B. Rosenberg, où l’empathie et la bienveillance y occupent une place importante. Elle permet, dans des situations difficiles à vivre, de garder notre capacité à établir des relations saines, efficaces et objectives, tout en maintenant notre capacité à ressentir (affect). C’est également une occasion d’être à l’écoute de soi et de mieux se connaître (auto-empathie). 

Face à une situation, il s’agit de s’exprimer selon 4 grandes étapes (O-S-B-D) : Observation, Sentiments, Besoin, Demande.

  • Observation : décrire la situation par des faits observables, sans jugement, avec clarté : ce que l’on voit, ce que l’on entend. L’absence de jugement évite de tomber dans la critique ou l’interprétation qui engendrent une communication négative. Celle-ci provoquant un réflexe d’autodéfense de notre interlocuteur et donc une relation conflictuelle. 
  • Sentiment : exprimer les sentiments ressentis à l’aide du “je” (émotions, sensations physiques). Pour cela, il est nécessaire de se mettre à l’écoute de soi. Une émotion est par définition passagère et ne représente donc pas notre identité, notre “moi profond”. Si elle persiste dans le temps, nous parlons alors de sentiments. 4 émotions primaires sont identifiées : peur, tristesse, colère et joie. Il en existe d’autres, comme la surprise, la curiosité, la jalousie, l’inquiétude, la fierté, …
  • Besoin : exprimer son besoin. Cela nécessite de savoir l’identifier. Une émotion cache un besoin non satisfait. Il y a un lien de causalité entre la situation vécue et le besoin, lié aux émotions. Nos besoins sont universels (sécurité, amour, reconnaissance, …), mais nous ne les exprimons pas toujours au même moment, ni avec la même intensité. Ce qui explique les potentiels malentendus, pouvant aller jusqu’aux conflits. Il est important d’apporter des explications au besoin que l’on a. Elles permettent à notre interlocuteur de mieux le comprendre. Cela ne signifie pas pour autant qu’il fera preuve de plus de bienveillance à notre égard et accédera à notre demande, mais nous aurons au moins le mérite d’éviter toute source de conflit. 
  • Demande : exprimer sa demande sans rien exiger de notre interlocuteur. Elle doit être exprimée clairement, sous forme d’actions à venir et correspondre au besoin précédemment exprimé. Il est donc nécessaire de bien faire la distinction entre son besoin et sa demande. Il est donc préférable d’éviter les “Il faut que …”, ‘Tu dois …”, qui expriment une forme d’autorité pouvant provoquer un rapport de force et amener à la rébellion de notre interlocuteur. Le ton également est important. Si nous nous exprimons avec agressivité, nous nous exposons en retour à la possibilité d’obtenir un refus catégorique. Notre besoin ne sera donc pas satisfait et nous serons confronté à un sentiment de frustration, voire de colère. 

Il est important d’accepter que la CNV n’aboutit pas forcément à une réponse positive à notre demande. Elle permet avant tout de garder une communication constructive et ouverte

La CNV demande un peu d’entrainement. Elle n’est pas innée et demande un apprentissage, de soi notamment. Chacun reste libre de répondre ou non à une demande puisqu’il s’agit d’une demande et non d’une exigence.

Nous avons vu dans mes précédents articles que les besoins des aidants familiaux sont bien souvent mis de côté, leur priorité étant ceux de leurs proches. Les relations conflictuelles sont fréquentes, notamment au sein des membres de la famille qui s’occupent du proche. Les échanges manquent peut-être d’objectivité, les critiques sont régulières, les émotions des uns et des autres ne sont plus entendues… 

La CNV a donc ici tout son intérêt, celui de replacer l’aidant familial au centre de la relation. En exprimant ses sentiments et besoins, il s’autorise à les satisfaire. La première conséquence est de lui permettre de retrouver les ressources dont il besoin pour pouvoir répondre à sa mission d’aide, mais également de retrouver des relations saines et de renforcer les liens familiaux. Par voie de conséquence, le poids du fardeau ressenti en sera allégé.

Apprendre la Communication Non Violente peut demander un accompagnement, notamment dans l’identification des émotions, des sentiments et des besoins. Le coaching permet cet accompagnement. Je vous propose de découvrir dans mon prochain article ce que le coaching peut, plus largement, apporter aux aidants familiaux.

Céline Dauchy

La relation aidant – aidé

Liens affectifs aidant-aidé

Les relations aidant-aidé sont très fortes. Nous avons vu dans mon deuxième article que dans une grande majorité des situations, c’est le lien affectif qui les lie, qui pousse l’aidant à s’occuper de son proche. Pour 75% des aidants, c’est la première raison qui motive leur mission d’aide. Mais est-ce toujours aussi simple au quotidien ? Quelles sont les difficultés auxquelles chacun est confronté ?

Quelque soit la raison de la perte d’autonomie, l’objectif est de poursuivre au maximum sa vie dans des conditions qui correspondent au souhait des personnes dépendantes, généralement en restant à la maison, lieu de toute une vie. C’est donc les relations humaines, plus que familiale, qui construisent la relation d’aide. Il s’agit, avant tout, de respecter l’identité et l’estime de soi du proche aidé.

Lorsque l’aidant est le conjoint, l’aide apportée, aussi naturelle qu’elle soit, est transparente pour les personnes extérieurs, y compris pour les enfants du couple qui ne vivent plus dans le foyer. Parfois, l’aidant n’a pas lui-même conscience de son statut d’aidant. La relation d’aide entre conjoint est particulière dans le sens où elle repousse les limites de l’intimité, au delà d’une relation habituelle de couple. Les gestes se font affectueux et les mots ne sont parfois plus nécessaires. Le but d’une toilette par exemple, n’est plus simplement de rendre propre. 

Cependant, ce type d’aide met en avant l’incapacité de l’aidé à faire seul des gestes simples et met en avant sa vulnérabilité, pouvant altérer son estime de soi. Dans ce cas, il peut être difficile pour l’aidé d’accepter l’aide que son conjoint lui apporte et il peut vivre cette situation comme une forme de violence physique et être source de conflits. La mésestime de soi peut amener à une forme de colère (courbe du deuil de la perte d’autonomie). Colère qui se retourne alors contre l’aidant. Dans cette situation, il peut être préférable de faire appel à une aide extérieure, professionnelle qui garantit le soin technique d’un côté et la relation familiale de l’autre. Dans cette dernière, la difficulté réside dans l’introduction d’une personne étrangère au cercle familial, ce qui reste complexe aussi bien du point de vue de l’aidé, que de l’aidant. 

Lorsque l’aidant est un enfant, l’aide est bien souvent plus difficile à accepter. Lorsque l’on devient parent, c’est à nous de prendre soin de notre enfant ; de réaliser toutes les tâches nécessaires à son bien-être jusqu’au jour où il devient autonome et prend son envol. Or, lorsque les rôles s’inversent, il faut le consentement de l’aidé, qu’il accepte de se laisser toucher, manipuler par son enfant. Cette nouvelle relation, doit garantir le respect de l’identité du parent. Il y a un juste milieu entre proximité et assistance à trouver par l’enfant aidant, ce qui est loin d’être aisé. Dans le même temps, l’aidant à lui même construit son foyer avec ses propres charges (maison, conjoint, enfants, travail, …), il devient difficile pour lui de trouver du temps pour s’occuper de soi. L’aidant peut se sentir submergé par la charge supplémentaire (Voir le fardeau dans mon deuxième article) que cela représente.

L’aidant peut également être un autre membre de la famille (frère, soeur, …). Comme pour la relation à l’enfant, les relations familiales évoluent. La relation à l’autre devient différente et l’on rentre dans une intimité inhabituelle entre frère et soeur par exemple. Il faut faire preuve d’une grande adaptabilité et avoir une grande confiance, car chacun doit se créer de nouveaux repères. C’est une grande preuve d’amour que de s’occuper, parfois à temps plein, de son proche. 

Certaines personnes en situation de dépendance sont bien entourées et plusieurs membres de la famille se relaient pour s’occuper d’elles. Ils se répartissent les tâches : l’un fait les courses, l’autre le ménage ou gère les papiers administratifs, … Ce qui permet à chacun de se sentir utile et renforce les liens. Il s’agit d’une organisation à trouver et de mettre en place la dynamique qui convient, garantissant le bien être de la personne aidée. Tout cela est possible lorsque les relations familiales sont saines, que la communication est fluide entre les membres et que tous résident à proximité. Car la distance physique est un frein à l’aidance. En effet, lorsque les membres d’une famille habitent et travaillent loin, il est difficile de pouvoir se relayer pour aider son proche. Généralement, l’aide repose sur un seul membre, ce qui alourdit son fardeau car il est accaparé par l’aide qu’il apporte. Sa fatigue et le stress ressentis sont démultipliés. Si vous ajoutez des relations déjà conflictuelles au sein de la famille, l’aidant se retrouve tiraillé entre l’aide qu’il apporte à son proche et les reproches que sa famille peut lui faire. Les décisions deviennent particulièrement compliquées à prendre car nouvelles sources de discorde. Le bien être de l’aidé en est malheureusement souvent affecté. 

Un aidant peut se retrouver dans une situation où il doit s’occuper de plusieurs personnes : un enfant et un parent ; ses deux parents ; … La charge est alors multipliée par le nombre de personnes à s’occuper et en fonction du degré de dépendance de chacun.

A contrario, lorsque la personne devenue dépendante est seule, un ami proche ou un voisin peut lui venir en aide. Il s’agit généralement d’une aide occasionnelle et d’un soutien psychologique important. L’ami ou le voisin joue un rôle de surveillance lorsque la famille ne peut pas être présente au domicile. Dans ce contexte, il peut être difficile de trouver sa place, de ne pas être intrusif dans le cercle familial. Il s’agit également de trouver le juste milieu entre assistance et envahissement. 

Les modalités d’accompagnement sont différentes selon les familles, le degré de dépendance de l’aidé, son âge, … Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise forme d’aide. Quand les relations d’aide sont gérées en bonne intelligence, elles renforcent les liens familiaux. Lorsque l’aidant est lui-même vieillissant, l’aide peut être plus difficile à apporter. Une intervention extérieure et professionnelle devient alors nécessaire. Et quand l’aidant en vient à s’oublier, qu’il ne prend pas de temps pour lui, ses loisirs ou avoir une vie sociale, les conséquences sur la santé peuvent être graves (voir 2ème article).

Alors comment favoriser des relations aidant – aidé ? Quel « outil » peuvent-ils utiliser ?

Dans mon prochain article, je vous propose d’aborder la communication non violente (CNV) pour venir en aide aux aidants familiaux.

Céline Dauchy

Les aidants familiaux en entreprise

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Nous vivons tous en ce moment une situation de crise inédite. Celle-ci révèle de grandes inégalités dans le monde des entreprises, notamment concernant l’impact de la situation personnelle sur le travail occupé. 

Le management par la bienveillance, la qualité de vie au travail sont des axes majeurs en développement depuis plusieurs mois/années. Qu’en est-il de la place des aidants familiaux dans la réflexion des entreprises ? Sont-il privilégiés ? Ou au contraire, sont-ils encore trop ignorés ?

Avant d’envisager pouvoir répondre à ces questions, il est intéressant de voir les choses du côté de l’aidant familial. Comment se sent-il dans l’entreprise quand il doit gérer en même temps les besoins de son proche ? Nous avons précédemment évoqué la charge mentale de l’aidant familial. 

Quel en est l’impact sur son travail ?

Les salariés aidants représentent 1 actif sur 5. Un chiffre qui a doublé sur les 10 dernières années. L’activité professionnelle reste un point de repère et entre dans la routine de nos vies dans le monde moderne. Elle permet également de garder des relations avec l’extérieur et évite l’isolement lié à l’aidance. C’est aussi une source de revenus, bien souvent indispensable dans la prise en charge à domicile d’une personne dépendante. Pour autant, il n’est pas toujours aisé pour l’aidant familial de concilier travail et aide de son proche. 

Le premier impact professionnel que l’on peut constater auprès des aidants familiaux est la baisse de l’efficacité. L’aidant est bien présent à son poste de travail, mais ses préoccupations, tournées vers son proche et non vers son travail, perturbent sa concentration ; ce qui génère des erreurs et/ou un ralentissement dans la réalisation des tâches à accomplir. Ainsi, 72% des aidants familiaux affirment avoir  des difficultés de concentration et donc une baisse d’efficacité. Ce qui, par voie de conséquence, a un impact sur les résultats de l’entreprise dans laquelle il travaille.

Une autre contrainte liée à l’organisation du travail est le respect des horaires. En effet, bien souvent le contrat de travail implique le respect d’un planning qui, même s’il est prévu à l’avance, ne favorise pas forcément l’aide à domicile d’un proche, tant les contraintes personnelles sont fortes. Il n’est pas impossible de voir un aidant familial devoir quitter son travail en cours de journée pour assumer une difficulté liée à son proche. 61% souhaiteraient une flexibilité dans leurs horaires de travail pour gérer plus facilement ces obligations/contraintes supplémentaires. En découle également l’absentéisme, qui est le second constat que l’on peut faire au travail. L’aidant familial devant assurer l’accompagnement aux rendez-vous médicaux de son proche par exemple, utilise souvent ses congés et RTT, voire des congés sans solde quand il n’a plus d’autres solutions. Soit en moyenne, 16 jours d’absence par an. Les journées de congés passées à s’occuper de son proche ne permettent pas à l’aidant de prendre le repos dont il a besoin pour se ressourcer ; ce qui accentue la fatigue ressentie. Il lui est également difficile de trouver la disponibilité pour partir en vacances, il ne lui reste parfois plus assez de congés pour cela. De plus, cet absentéisme régulier, parfois imprévisible, peut désorganiser la réalisation du travail et impacter les autres collaborateurs, alors obligés d’absorber une charge de travail supplémentaire. Ce qui est aussi nuisible pour la qualité des relations professionnelles, la QVT et donc l’entreprise elle-même.

Les difficultés liées au travail sont une seconde source de stress pour l’aidant familial, qui cumulée au “fardeau” (voir définition dans le 2ème article) personnel, ne fait qu’aggraver son ressenti d’impuissance, d’inefficacité, de culpabilité, … 75% des aidants déclarent que leur mission d’aide a un impact sur leur vie professionnelle, particulièrement la fatigue et le stress.

L’entreprise a également peu connaissance du statut d’aidant familial de leurs salariés. En effet, ces derniers ont bien souvent peur des conséquences en informant leur employeur de leur statut particulier : refus de modification des horaires, discrimination, harcèlement, arrêt des promotions, … De ce fait, ils préfèrent ne pas en parler et assumer seuls cette charge. Ce qui accentue le sentiment de solitude dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises. D’autre part, leurs droits sont peu mis en valeur : droit au répit, congés des aidants, dons de congés, … Moins de 50% en ont déjà entendu parler. Trop peu pour que les aidants familiaux se sentent en confiance.

L’aidant familial coincé entre son devoir d’aide (voir 2ème article) et son travail, se retrouve dans une situation où il peut tenter de renégocier la durée de son contrat de travail (accès au temps partiel). Ce qui, malgré tout, impacte les revenus financiers de son ménage. Quand cette négociation n’est pas envisageable dans la politique de l’entreprise, l’aidant familial n’a parfois pas d’autre solution que de renoncer à son travail et démissionne ; avec toutes les conséquences qui en découlent : perte financière importante, stress, isolement, …

Il est donc dans l’intérêt des entreprises de s’intéresser à la situation personnelle de ses employés. Non pas pour favoriser une situation plutôt qu’une autre, mais en s’adaptant, l’entreprise qui fait preuve d’agilité, renforce la qualité de son management et la connaissance de ses collaborateurs (difficulté liée à l’aide familiale) ; pour finalement, impacter de manière favorable sa performance…

Dans mon prochain article, je vous propose d’aborder les relations aidant – aidé.

Céline Dauchy

Sources : Malakoff Humanis, CARAC, Norvatis,

La charge mentale des aidants familiaux

Charge mentale - aidants familiaux

Dans mon premier article, nous avons vu qui sont les aidants familiaux et en quoi consiste leurs multiples rôles auprès de leurs proches. Je vous propose ici d’aborder ce qui nous pousse à assumer cette mission et les conséquences qu’elle peut avoir sur la vie quotidienne, notamment la charge mentale.

La “charge mentale” est un terme relativement récent, qui par définition représente la charge cognitive liée à l’organisation de toutes les activités domestiques (Voir définition article précédent).  Elle incombe le plus souvent aux femmes. Cette charge est invisible au regard des autres, ce qui la rend aussi subjective. Chacun réagissant différemment face au stress, la  charge mentale supportable sera différente selon les personnes. Ce que l’un pourra supporter, ne sera pas supportable pour une autre personne.

Il est assez aisé d’imaginer que nous n’attendons pas de devenir aidant familial pour commencer à organiser notre vie personnelle et professionnelle? (couple, enfants, petits-enfants, travail …). Nous assumons donc déjà une certaine charge mentale au quotidien. Alors, qu’est-ce qui nous pousse à aider nos proches ?

Pour une grande majorité, la principale source de motivation est le lien affectif avec son proche. C’est ce lien, construit au travers du vécu, qui nous pousse à l’accompagner au quotidien, dans une volonté de respect de son souhait : rester à son domicile le plus longtemps possible. Il représente une valeur (famille) forte dans notre société moderne, liée aux perceptions que nous en avons, c’est à dire liée à nos croyances. Valeur qui rend estimables les aidants familiaux à travers les actions qu’ils mènent auprès de leurs proches.

Pour d’autres, il s’agit d’un devoir à accomplir, d’une responsabilité à assumer (sans tenir compte du lien affectif). Ce devoir, lié à notre conscience morale, est donc accompli, plus par obligation que par volonté. 

L’aspect financier ne vient lui, que bien après le lien affectif et le fait d’accomplir son devoir. Il s’agit toutefois d’une autre obligation à laquelle nous répondons et qui impacte sensiblement la charge ressentie. Le maintien à domicile coûte cher à la société. Les aides que les personnes dépendantes ont ne suffisent pas toujours à garantir ce maintien à domicile dans de bonnes conditions. Le placement en établissement n’est pas souhaité ou bien trop coûteux et ne peut être supporté par la famille. La mission de l’aidant familial devient alors une obligation. La charge mentale ressentie est d’autant plus importante que l’obligation de l’aidant familial est forte.

L’aidant familial s’organise en fonction du degré de dépendance de son proche. Nous avons vu précédemment que l’aidance peut être occasionnelle : apporter les courses une fois par semaine à sa voisine âgée, ce qui prend 2 heures en moyenne. Mais elle peut être aussi quotidienne : s’occuper à temps complet de son conjoint malade. Imaginez, aider votre proche dans tous ses déplacements (même à l’intérieur de la maison), devoir l’aider à se laver, s’habiller, manger, prendre un médicament, …. l’aider à vivre, tout simplement. 

A ces tâches, s’ajoutent, la charge liée à l’entretien de la maison, l’éducation des enfants, celle liée au travail. Quelle charge, physique et mentale, cela représente pour l’aidant ! 

D’ailleurs, certains aidants familiaux se retrouvent dans l’obligation de renoncer purement et simplement à leur activité professionnelle, dans le seul but de pouvoir être auprès de leur proche. C’est une décision lourde de conséquences… non sans stress ! Le travail est une source de revenus financiers non négligeable. Ce qui nécessite de bien réfléchir à la question avant de poser sa démission.

Ajoutez-y des relations parfois tendues entre l’aidant et son proche. Et oui, il n’est pas aussi simple que cela n’y parait, que d’accepter sa propre dépendance ; de devoir systématiquement attendre que quelqu’un soit avec vous pour pouvoir faire quelque chose… Vous passez par différentes émotions (courbe du deuil), dont la colère. Cette colère qui se dirige vers l’aidant et qui complique bien souvent la situation.

Un troisième aspect de l’aidance, souvent peu pris en considération est la charge administrative supportée par les proches. En effet, il existe différentes lois destinées à faciliter la vie des personnes dépendantes. Certaines visent aujourd’hui à reconnaître le statut d’aidant familial. Cependant, l’accompagnement des aidants familiaux dans ces démarches est quasi nul. C’est à eux de chercher ce à quoi leurs proches ont droit, et de constituer des dossiers nécessaires aux déblocages des aides. L’aidant se retrouve bien souvent seul sans trop savoir comment s’y prendre. C’est une nouvelle source de stress, voire d’angoisses qui peuvent également nuire à la relation aidant/aidé.

Avec tout cela, il reste bien souvent peu de temps pour les loisirs ou les relations sociales qui sont pourtant essentielles à l’épanouissement de l’être humain et on peut le ressentir particulièrement dans ces temps de confinement. L’aidant familial, ayant tendance à s’oublier lui-même, se retrouve dans une forme d’isolement social, ou toute son énergie est centrée uniquement autour de son proche. 

L’aidant familial, épuisé, ressent sa mission comme un poids. On parle alors de la notion de “fardeau”. Peuvent se mêler également différents sentiments liés à la représentation qu’à l’aidant de ses propres capacités à venir en aide à son proche : impuissance, emprisonnement, culpabilité, solitude, doutes, … Il est fréquent de rencontrer des aidants familiaux qui se plaignent de nombreux symptômes : fatigue physique et morale, troubles du sommeil, sautes d’humeur, agressivité, anxiété, stress, … C’est dans ces périodes difficiles émotionnellement que nous pouvons rencontrer certaines addictions : somnifère, anxiolytique, antidépresseur, alcool, tabac voire drogues, … Certains aidants sont même au bord du burn out

Au travers de ce constat, il apparaît essentiel d’accompagner les aidants familiaux dans l’accomplissement de leur mission. Si l’aidant n’est plus en mesure d’assumer son rôle, qu’advient-il de son proche dépendant ? 

Dans mon prochain article, je vous propose d’aborder les conséquences professionnelles pour l’aidant familial et l’impact pour les entreprises.

Céline Dauchy

Sources : Malakoff Humanis, CARAC, Norvatis,