La CNV à l’aide des aidants familiaux

Dans mon précédent article, nous avons évoqué les possibles relations conflictuelles au sein des familles qui viennent en aide à leurs proches, mais également entre l’aidant et l’aidé. Les conflits sont bien souvent à l’origine d’une communication rompue entre les membres de la famille. Ils sont basés, sur une divergence de point de vue, une incompréhension, un besoin non exprimé, une émotion refoulée, … Nous savons que les conflits nuisent à la relation aidant-aidé et impactent fortement l’état de santé de l’un et de l’autre. Alors, en quoi la Communication Non Violente (CNV) peut répondre à cette problématique ? Que peut-elle apporter dans la relation d’aide ?

LA CNV est un processus de communication élaboré par Marshall B. Rosenberg, où l’empathie et la bienveillance y occupent une place importante. Elle permet, dans des situations difficiles à vivre, de garder notre capacité à établir des relations saines, efficaces et objectives, tout en maintenant notre capacité à ressentir (affect). C’est également une occasion d’être à l’écoute de soi et de mieux se connaître (auto-empathie). 

Face à une situation, il s’agit de s’exprimer selon 4 grandes étapes (O-S-B-D) : Observation, Sentiments, Besoin, Demande.

  • Observation : décrire la situation par des faits observables, sans jugement, avec clarté : ce que l’on voit, ce que l’on entend. L’absence de jugement évite de tomber dans la critique ou l’interprétation qui engendrent une communication négative. Celle-ci provoquant un réflexe d’autodéfense de notre interlocuteur et donc une relation conflictuelle. 
  • Sentiment : exprimer les sentiments ressentis à l’aide du “je” (émotions, sensations physiques). Pour cela, il est nécessaire de se mettre à l’écoute de soi. Une émotion est par définition passagère et ne représente donc pas notre identité, notre “moi profond”. Si elle persiste dans le temps, nous parlons alors de sentiments. 4 émotions primaires sont identifiées : peur, tristesse, colère et joie. Il en existe d’autres, comme la surprise, la curiosité, la jalousie, l’inquiétude, la fierté, …
  • Besoin : exprimer son besoin. Cela nécessite de savoir l’identifier. Une émotion cache un besoin non satisfait. Il y a un lien de causalité entre la situation vécue et le besoin, lié aux émotions. Nos besoins sont universels (sécurité, amour, reconnaissance, …), mais nous ne les exprimons pas toujours au même moment, ni avec la même intensité. Ce qui explique les potentiels malentendus, pouvant aller jusqu’aux conflits. Il est important d’apporter des explications au besoin que l’on a. Elles permettent à notre interlocuteur de mieux le comprendre. Cela ne signifie pas pour autant qu’il fera preuve de plus de bienveillance à notre égard et accédera à notre demande, mais nous aurons au moins le mérite d’éviter toute source de conflit. 
  • Demande : exprimer sa demande sans rien exiger de notre interlocuteur. Elle doit être exprimée clairement, sous forme d’actions à venir et correspondre au besoin précédemment exprimé. Il est donc nécessaire de bien faire la distinction entre son besoin et sa demande. Il est donc préférable d’éviter les “Il faut que …”, ‘Tu dois …”, qui expriment une forme d’autorité pouvant provoquer un rapport de force et amener à la rébellion de notre interlocuteur. Le ton également est important. Si nous nous exprimons avec agressivité, nous nous exposons en retour à la possibilité d’obtenir un refus catégorique. Notre besoin ne sera donc pas satisfait et nous serons confronté à un sentiment de frustration, voire de colère. 

Il est important d’accepter que la CNV n’aboutit pas forcément à une réponse positive à notre demande. Elle permet avant tout de garder une communication constructive et ouverte

La CNV demande un peu d’entrainement. Elle n’est pas innée et demande un apprentissage, de soi notamment. Chacun reste libre de répondre ou non à une demande puisqu’il s’agit d’une demande et non d’une exigence.

Nous avons vu dans mes précédents articles que les besoins des aidants familiaux sont bien souvent mis de côté, leur priorité étant ceux de leurs proches. Les relations conflictuelles sont fréquentes, notamment au sein des membres de la famille qui s’occupent du proche. Les échanges manquent peut-être d’objectivité, les critiques sont régulières, les émotions des uns et des autres ne sont plus entendues… 

La CNV a donc ici tout son intérêt, celui de replacer l’aidant familial au centre de la relation. En exprimant ses sentiments et besoins, il s’autorise à les satisfaire. La première conséquence est de lui permettre de retrouver les ressources dont il besoin pour pouvoir répondre à sa mission d’aide, mais également de retrouver des relations saines et de renforcer les liens familiaux. Par voie de conséquence, le poids du fardeau ressenti en sera allégé.

Apprendre la Communication Non Violente peut demander un accompagnement, notamment dans l’identification des émotions, des sentiments et des besoins. Le coaching permet cet accompagnement. Je vous propose de découvrir dans mon prochain article ce que le coaching peut, plus largement, apporter aux aidants familiaux.

Céline Dauchy