Être aidant familial n’est pas toujours aussi simple que cela en a l’air. La multitude de tâches à accomplir, dans un contexte socio-économique parfois compliqué, nous permet de développer un grand nombre de compétences, aussi appelées “soft skills”. Encore faut-il en avoir conscience !
Quels sont les soft skills des aidants familiaux ? Qu’est-ce que cela peut apporter aux entreprises des salariés aidants ?
Les soft skills, qu’est-ce que c’est ?
Il est à la mode en ce moment de parler de soft skills, mais qu’est-ce que c’est en fait ? Il s’agit de compétences transverses, qui ne sont pas liées à un métier en particulier. On parle tout simplement de notre savoir-être. Sont ainsi exclus les compétences techniques. Les soft skills s’acquièrent tout au long de notre parcours de vie. Certaines prédispositions peuvent en faciliter l’apprentissage.
Voici quelques exemples de soft skills que les aidants familiaux peuvent développer grâce à leur mission d’aide :
- Gestion du temps : Ils jonglent entre leur travail, leur proche, leurs enfants, …
- Agilité organisationnelle : Ils adaptent leur organisation au fur et à mesure de l’évolution de la dépendance de leur proche.
- Prise de décision : Ils sont parfois amenés à prendre des décisions difficiles, quand le moment de placer son proche est venu par exemple.
- Négociation : Ils peuvent être amenés à négocier avec leur proche pour faire intervenir une personne extérieure à la famille.
- Résilience : Les moments difficiles sont nombreux lorsqu’on aide un proche dépendant. La capacité de résilience est ainsi fortement sollicité et amenée à se développer
- Intelligence émotionnelle : Ils font preuve d’une grande empathie en accompagnant leur proche.
- Intelligence relationnelle : Ils sont amenés à instaurer des relations stables et de confiance avec les différents soignants de leur proche.
- etc
Les soft skills se développent grâce à notre capacité d’apprentissage, la connaissance de soi, notre capacité de mobilisation et d’assumer des relations constructives. Les aidants familiaux étant fortement sollicités, ils ont donc la possibilité de développer plus rapidement, plus fortement ces compétences.
Quel est l’intérêt pour les entreprises de porter attention aux soft skills des aidants familiaux ?
A l’heure actuelle, les compétences techniques liées aux métiers sont dépassées au bout de 5 ans environ. Elles doivent constamment évoluer pour s’adapter aux nouvelles technologies et nécessitent bien souvent de passer par la formation. Or les soft skills sont des compétences plus stables, qui s’adaptent à tout corps de métier et aux environnements changeants. Elles ont donc de la valeur pour les entreprises, car cumulées aux compétences techniques, vous obtenez des salariés plus performants. L’intelligence relationnelle permet de favoriser des relations sereines dans l’entreprise et contribue à réduire le stress. Elle facilite le travail d’équipe et l’ouverture d’esprit par exemple.
Vous l’avez compris un salarié aidant a largement l’occasion de développer son savoir-être ou ses soft skills, peut-être plus que pour d’autres salariés, moins sollicités dans leur vie personnelle. Or la question des aidants reste encore tabou dans les entreprises. Cette mission en parallèle de l’activité professionnelle semble déranger les entreprises et faire peur (peur de l’absentéisme, peur de la baisse de la performance, …). D’un autre côté, les aidants familiaux hésitent à informer leur employeur du fait qu’ils sont aidants. Ils ont eux-même peur d’être catalogués comme n’étant plus de confiance et que cela ne nuise à leur carrière professionnelle. Or cela devrait être tout le contraire.
Notons également, que la population française est vieillissante. Il y a aura d’ici une dizaine d’années de plus en plus de personnes dépendantes et donc de salariés aidants. Certains passent plus de 20 heures par semaine auprès de leur proche. Ils auront acquis des soft skills, qu’ils utiliseront avec agilité au quotidien. Mais si les entreprises ne les considèrent pas, comment pourront-ils les mettre en valeur ? De plus, le nombre de salariés aidants va continuer à augmenter. Plutôt que de les percevoir comme une contrainte, ne serait-il pas plus bénéfique de les considérer comme une opportunité ?
Alors oui, être aidant familial demande de l’agilité aussi dans le travail. Cependant, si l’entreprise mène une réflexion inclusive des aidants familiaux dans sa politique RH, elle contribuera, en favorisant sa flexibilité, à développer la performance de ses salariés et par voie de conséquence, ses propres performances.
Céline Dauchy